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En pays Ladakhi
En pays Ladakhi
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17 avril 2015

Aller plus haut - J08

Samedi 3 mai 2014

8 heures du matin, sous un ciel bleu limpide et un soleil qui s’annonce prometteur, nous embarquons avec armes et bagages dans les trois voitures pour la route du col. Aujourd’hui, nous devons passer par le plus haut col carrossable du monde pour rejoindre la vallée de la Nubra.

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Quittant les faubourgs de Leh, nous nous engageons sur la route qui pique (presque) droit sur la chaîne montagneuse. Une fois passé le dernier village, voici le checkpoint qui surplombe le village de Ganglas. Normalement, la route du col est fermée entre 15h00 et 10h30, mais aujourd’hui est un jour de chance. Nuos pouvons passer sans attendre.

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Un peu plus loin, en contrebas, un troupeau de chèvres himalayennes s’éloigne tranquillement. Le vallon est encore plongé dans l’ombre, mais petit à petit, nous découvrons de magnifiques paysages désertiques, sauvages, où la neige s’invite un peu plus à chaque fois que nous franchissons une ligne de niveau.

Comme j’ai bien retenu ma leçon, j’ai ma bouteille d’eau sur les genoux et avale régulièrement une gorgée. Vu l’altitude à laquelle nous montons, il faut prendre garde à bien s’hydrater pour lutter contre le mal des montagnes.

Ladakh 607

Malheureusement, notre 4x4 a des relents de gasoil assez forts, et ça, ça n’aide pas. Diane en ressent assez vite les effets et on convient du fait que le mieux serait peut-être qu’elle change de voiture. Moi, non merci, ça va. Je suis bien dans le 4x4. Je peux prendre de la hauteur et admirer le paysage. Diane échange donc sa place avec Sanjay, et je me retrouve à l’avant du 4x4 (si si, ils ont insisté, juste au cas où !), avec nos deux guides à l’arrière. Sachant que notre chauffeur est guide également, au moins, je ne risque pas de me perdre !

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Très vite, la route laisse la place à une piste cahoteuse et cahotique. Et à partir du checkpoint de South Pullu, nous savons que nous allons en manger pendant 20 kilomètres.

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Nous continuons à monter, doucement mais sûrement… quoique, sûrement n’est peut-être pas le mot exact. Par endroits, la route est impressionnante : étroite, boueuse, pierreuse, bordée de névés. Et il faut y croiser bus et camions. Sur le bord de la route, on voit très régulièrement des groupes d’ouvriers qui travaillent à sa réfection et son élargissement. Et elle en a bien besoin, après les mois d’hiver.

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Avant, il n’y avait que peu de possibilités de croisement, c’est pourquoi la route était bloquée au checkpoint à certaines heures dans un sens, puis dans l’autre au checkpoint situé de l'autre côté du col. Comme sur toutes les routes que nous avons vues jusque là, des tentes de fortune se dressent sur les étroits bas-côtés pour les ouvriers, majoritairement originaires du BiharIls sont installés là en familles,et les jeunes enfants ont les tas de cailloux pour tout tapis de jeu. Ces conditions de vie font mal au coeur.

Alors que la neige se fait de plus en plus présente, nous atteignons enfin le Khardung La (« La » veut dire « col »), 5602 mètres d’altitude, le plus haut col carrossable du monde… et peut-être bien le plus moche ! Beaucoup de voitures, de touristes indiens qui n’ont jamais vu la neige, une immense antenne de télécoms, un groupe électrogène au mazout qui empeste et macule la neige de noir, et l’armée. Pour en profiter, il ne faut pas rester concentré sur le col, mais aller contempler la vue sur les chaînes himalayennes.

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Diane a mieux supporté le voyage dans une voiture plus confortable, mais c’est pas la grande forme non plus. Nous essayons de faire quelques pas pour aller jusqu’à la borne symbolique du col et admirer la chaîne du Karakoram, mais je suis vite obligée de la ralentir et de la ramener, car à cette altitude il faut s’économiser, d’autant plus quand on ne se sent pas bien. Après l’avoir laissée à la voiture, je n’ai plus qu’à chercher un petit coin pour une pause technique.

Christel et Dalhia me confirment que les toilettes locales sont impraticables. Elles ont trouvé un coin à peu près tranquille derrière un bâtiment. Je garde l’endroit pour Catherine, quand un groupe d’indiens s’approche. Je leur fait signe de s’arrêter, mais ils continuent à avancer.

    - Bathroom ! me dit l’homme.

    - Wait a minute, réponds-je en bloquant le passage.

Il a enfin compris. Ouf ! C’est mon tour, mais d’autres indiens sont en train d’escalader la pente avec vue sur mes fesses. Et ça, ça me bloque. Je décide donc de redescendre le long de la route et m’installe derrière un rocher. Sauf que j’ai la vessie capricieuse, et des voitures sont en train de monter. J’ai l’air maline… Bon ben, avec une pensée pour Lolotte ( ;-), je me dis que, trop tard, je n’ai plus qu’à prendre la pause comme si je réfléchissais ou contemplais le paysage. A l’indienne.

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Sanjay a mis Diane sous oxygène quelques minutes, pour lui permettre de réguler sa respiration. Il ne faut donc pas qu'on s'attarde. Tout le monde en voiture, nous repartons. En gagnant des altitudes plus favorables, ça ira mieux. Effectivement, lorsque nous nous arrêtons au village de Khardung pour la pause déjeuner, elle a repris des couleurs et de la vitalité. Nous nous installons dans un petit enclos avec nos paniers repas, et Ô joie immense ! Il y a des toilettes ! Ladhakis peut-être, mais au moins elles sont fermées ! (avec vue sur le paysage par la petite lucarne)

Après avoir déjeuné très rapidement, nous reprenons la route montagneuse qui descend dans la vallée du Shyok. La rivière prend sa source à notre droite, au Tibet, et file à gauche vers le Pakistan pour se jeter dans l’Indus. Face à nous, le Karakoram, ce massif montagneux proche voisin de l’Himalaya, qui abrite le célèbre K2. Nous sommes dans l’extrême pointe Nord-Est de l’Inde.

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Les vallées du Shyok et de la Nubra paraissent beaucoup plus vertes que celle de L’Indus que nous avons quittée ce matin. Le Shyok semble couler paisiblement dans un paysage où alternent une végétation plus avancée et les dunes de sable de ce désert qui s'apparente au désert de Gobi. Après les escarpements du col et la minéralité de l'Indus, cela nous semble une véritable oasis... Pourtant, en regardant maintenant les photos, c'est bien moins flagrant que dans mon souvenir. Comme quoi, c'est très subjectif, tout ça.

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Notre hôtel est situé dans le village de Sumur, où nous attend déjà notre thé de l’après-midi, que nous allons prendre à l’ombre des abricotiers, avant de récupérer nos chambres, simples et fraîches, mais propres.

A notre arrivée, Sanjay a appelé l’agence de Delhi qui lui a recommandé d’emmener Diane à l’hôpital de Diskit, de l’autre côté de la vallée, pour s’assurer que tout va bien et qu’elle ne risque rien suite à cet épisode de mal des montagnes. Elle repart donc à 15 heures avec Dorjay, tandis que nous profitons du chaud soleil de la vallée encore quelques minutes.

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Puis Sanjay nous emmène visiter le monastère de Samstaling, tout près du village.
Ce monastère paraît plus moderne que les précédents, même s’il possède quelques salles anciennes. Fondé par le lama Tsultrim Nima il y a quelques 130 ans, il est dédié aux Bonnets Jaunes, et le Dalai Lama y a un trône.

Devant le monastère, de jeunes apprentis moines jouent au cricket. Tandis que nous redescendons à pieds vers le village, je récupère in-extremis la balle qui a feinté le receveur et est en train de dévaler la pente. Je la rends au joueur qui file sans demander son reste. Apparemment, ils sont timides, ces petits.

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Nous traversons le village par plusieurs petites venelles et rejoignons la route alors que le soleil décline. Les villageois sont en train de quitter les champs et se rassemblent par groupes sur la route, avec enfants et ânes. Une occasion d’échanger un peu avec eux quelques rires et sourires (et de faire de jolies photos pour lesquelles ils semblent heureux de poser).

 

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Diane nous rejoint à l’hôtel quelques minutes après notre retour. Heureusement, tout est normal. Après l’apéro (où le rhum est quand même très très fort) et l’allumage des lumières – car ici, la disponibilité en courant est limitée et l'électricité n'est disponible qu'à partir de 19h – nous nous mettons à table pour un repas encore une fois délicieux. Il est déjà 21 heures quand nous regagnons finalement nos chambres. C’est tard ! Mais ça valait le coup.

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