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En pays Ladakhi

En pays Ladakhi
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11 novembre 2016

Libéréeeee, Delhi-vréeeee ! - J15

Samedi 10 mai 2014

Aujourd’hui, c’est grasse mat’ (lever 7h) et petit déjeuner à volonté. Sauf pour l’eau qui est a 180 roupies HT, au lieu des 40 habituels. C’est aussi ça, les palaces. Mais bon, il faut dire que c’est l’eau de l’Himalaya. C’est pas rien, quand même !

En mode touristes

A 8 heures, Diane et moi retrouvons les filles dans le hall, et nous embarquons dans 2 tuk-tuks pour le tombeau de Humayun, l’un des plus beaux sites de la ville, paraît-il. Il est encore tôt et lorsque nous arrivons, il n’y a personne. Il fait déjà chaud, humide, le ciel est plombé. Pour les photos ça risque d’être moyen. Nous prenons nos billets en résistant aux locaux qui essaient de nous griller, leur monnaie à la main. Décidément, ici, ils ne connaissent pas la file d’attente. « Faites la queue comme tout le monde" ne fait pas partie du vocabulaire.

Le site est désert et je crois qu’on est repérées. Un type en chemise jaune qui a l’air de nous suivre. On croise également Elisabeth qui fait sa visite toute seule, comme une grande.

Le tombeau de Humayun, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a été bâti au XVIème siècle. C’est l’un des premiers tombeau-jardin construit en Inde. D’architecture moghole, il abrite la tombe de l’empereur Humayun et de nombreux membres de son entourage, dont la tombe du Barbier (finalement, barbier ou coiffeur, ça peut rapporter gros), ainsi que la tombe et la mosquée d’Isa Khan, que nous visitons en premier.

Tombe d'Isa Khan

 Tiens, notre suiveur est toujours là. Plutôt que de l’ignorer, nous lui lançons quelques regards bien appuyés, histoire de lui faire comprendre que lui aussi est repéré, et le voilà qui fait bientôt demi-tour. Nous flânons un peu dans les jardins, puis décidons de rejoindre le site principal en longeant la muraille, à l’ombre. Mais à quelques mètres devant nous, revoilà Chemise-Jaune, accompagné de cinq ou six gars, cette fois. Ca sent pas bon, cette histoire. Nous rebroussons finalement chemin pour reprendre l’allée principale.

Tombe de Humayun

Bonne stratégie, car nous croisons alors d’autres touristes et arrivons sans encombre devant le bâtiment principal qui abrite la tombe de l’empereur, un magnifique palais de grès rouge qui servit paraît-il de modèle au Taj Mahal. Le reste de la visite nous permet d’oublier notre petite frayeur. En tout cas, c’était une bonne idée de venir si tôt, car au moment où nous partons, le flot des touristes a sacrément grossi.

Le Fort Rouge (Lal Quila)

En sortant du site, nous trouvons deux tuk-tuks qui nous emmènent vers Old Delhi, la vieille ville où se situe de Fort Rouge. Construit au XVIIème siècle le long de la rivière Yamuna (dont une partie est détournée pour alimenter les jardins en eau) par l’empereur moghol Shah Jahan, il est également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Petit aparté culturel : les Moghols ont un lien assez lointain avec les Mongols. Issus de régions conquises par ces derniers, ils ont été fortement influencés par la culture persane qu’ils ont apportée en Inde en y fondant l’empire Moghol au XVIème siècle. Le dernier empereur a été exilé par les anglais au XIXème siècle.

Le complexe du Fort Rouge est immense et nous visitons plusieurs bâtiments dont les deux salles d’audience, l’une privée, l’autre publique. Mais il fait vraiment très chaud, maintenant. Et puis il y a tous ces indiens qui veulent faire des photos avec nous. Vous pensez : européennes, blondes… j’ai juste l’impression d’être une bête de foire. C’est qu’ils sont insistants, en plus ! Ca s’appelle un retour de bâton,

Tandis que Diane fait une pause, je vais visiter le petit musée d’archéologie (climatisé, good idea !) qui présente céramiques, épées anciennes, vêtements. Très intéressant.

Les rues de Delhi et le Fort Rouge

Il fait vraiment trop chaud pour continuer la visite au soleil. Nous décidons donc d’écourter et partons à pieds vers Chandni Chowk, le quartier du bazar, pour trouver le marché aux épices. Les rues sont envahies de monde, c’est compact, les odeurs nous envahissent. Dalhia accélère le pas, car toute cette foule la met mal à l’aise.

Marchand de fruits secs

Le coin des épices étant tout en bas de la rue, nous avons le temps de bien profiter de cette ambiance surprenante et légèrement stressante. Nous finissons par entrer dans une boutique où le vendeur nous donne tout un tas d’explications sur ses épices et nous fait sentir différents thés. Voilà qui est idéal pour nos achats. Je repars d’ailleurs avec un formidable thé à la rose que j’utilise toujours pour mon petit déjeuner, même si je suis bientôt au bout.

En voiture Simone !

Nous espérions trouver une restau pour manger dans le coin, mais finalement nous préférons rentrer à l’hôtel. Deux tuk-tuks, et nous voilà lancées dans la circulation et les embouteillages de Chandni Chowk. C’est infernal. Chaleur, odeurs, bruit, klaxons. C’est sûr, j’ai perdu quelques points d’audition. A chacun de nos arrêts, le chauffeur semble s’assoupir. Et puis tout à coup, ça repart… pour quelques mètres. Il va nous falloir une bonne heure pour sortir de là et rejoindre l’hôtel.

Avec Diane, on a décidé de manger au restau de l’hôtel pour éviter de se prendre la tête. En plus, ce sera notre dernier repas, alors on peut faire les choses en grand. D’ailleurs, Christel et Dalhia nous rejoignent bientôt. Au menu, Penne au pesto et limonade. pour un dernier repas en Inde, je vous l'accorde, ça fait pas très indien. Dehors, au bord de la piscine, les aménagements sont en cours pour la pool-party qui doit avoir lieu cet après-midi : bar, maillot de bain et musique techno pour les jeunes indiens friqués qui commencent à arriver. Je crois que je vais aller finir l’après-midi dans la chambre, histoire d’être tranquille. Diane tente quand même la piscine, mais remonte rapidement car il y a bien trop de monde.

Dernier verre (d'eau)

Nos bagages sont faits, la nuit est tombée, nous retrouvons une dernière fois tout le groupe dans le hall de l’hôtel. Ca sent le départ. Nous montons tous dans le bus qui nous conduit à l’aéroport où nous allons dépenser nos dernières roupies en cadeaux avant d’embarquer pour la France. Je ne regretterai probablement pas Delhi, mais le Ladakh fut une expérience formidable qui m’aura marquée bien plus que je ne pensais.

Merci Diane de m’avoir entraînée dans cette aventure.

Bye Bye India. D’autres voyages m’attendent.

 

*          *          *

 

Le 14 août 2016, j’ai appris le décès de Sanjay suite à un malaise cardiaque lors d’un tour. Il restera dans mon souvenir un guide formidable, un homme attentif, généreux, humaniste et toujours prêt à partager son savoir et faire découvrir son pays et sa culture. Merci Sanjay pour ce merveilleux voyage. Où que tu sois, j’espère que tu es heureux et que tu veilles sur les tiens à qui tu dois terriblement manquer.

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12 juin 2016

Delhi d'initiés ... ou pas - J14

Vendredi 9  mai 2014

Le téléphone de la chambre a sonné à 4h55, en plein rêve… Puis mon portable cinq minutes plus tard… Puis de nouveau le téléphone de l'hôtel.

Oui, c'est bon! On se calme. Je suis réveillée. A 5h30, le sac est devant la porte et je descends pour le petit déjeuner. C'est dur. Très dur. Le thé à 5h30 c'est dur. Les lentilles à 5h30, c'est dur (celles du plat… à bien y réfléchir, celles sur mes yeux aussi).

Mais nous sommes des warriors. JE suis une warrior ! Et nous quittons l'hôtel à 6h comme prévu avec nos chauffeurs habituels.

Pour entrer dans l'aéroport, il faut montrer patte blanche. Ben oui, ça reste un aéroport militaire mis à disposition de l'aviation civile, et on n'est pas loin de la frontière avec le Pakistan. Rappelez-vous. A l'entrée, premier contrôle des passeports, des billets, et de la liste des membres du groupe. Première fouille, aussi. C'est Sanjay qui va nous enregistrer pendant qu'on s'assoit sagement là où a dit la dame. Pas bouger.

Puis c'est le contrôle de police : les sacs de cabine sont passés aux rayons X, tandis que nous avons droit à une deuxième fouille. Des fois que… Et pendant ce temps, Sanjay doit aller identifier nos bagages. Grosse responsabilité.

Au moment de l'embarquement, devinez quoi ?

… Troisième fouille des sacs ! - et cette fois, ce n'est pas juste mon kharma. C'est pour tout le monde pareil. - Oui, des fois qu'après les deux premières, dans un aéroport où il n'y a rien à vendre ou acheter, et où on n'a pas bougé d'un pouce de l'endroit qu'on nous avait assigné, il nous soit tombé quelque chose du ciel ou que ce soit apparu comme par enchantement dans un sac. Bon en même temps, heureusement qu'on nous avait bien prévenus à l'avance que les piles et les batteries d'appareil-photo étaient interdites en cabine et qu'il fallait les mettre en soute. Sinon…

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Nous montons enfin dans un minibus avec plein d'autres français, puis dans l'avion j'échange ma place avec Dalhia afin qu'elle puisse être à côté de Christel. Je me retrouve donc avec un hublot à côté de Catherine et Jean-Luc. Une chance, car nous survolons le monastère de Spituk et le confluent du Zanskar et de l'Indus, puis l'Himalaya. Et vu d'en haut aussi, c'est drôlement beau.

Nous atterrissons à New Delhi à 9h. Dehors il fait déjà 28°C. On en attend 42. Je crois qu'on peut ranger les polaires. Nous traversons le terminal au pas de course pour récupérer les bagages, puis retrouvons le correspondant de Terres d'Av qui nous fait monter dans le minibus - climatisé - qui doit nous conduire à l'hôtel. Nous arrivons au Royal Plaza - 5 étoiles en plein centre, s'il vous plaît - à 10h30, après avoir affronté la circulation de Delhi. Sanjay récupère nos clés et nous donne des plans de la ville, puis nous briefe sur ce qu'il y a à faire et à voir, ce qui n'est pas trop loin de l'hôtel. Il m'annonce que Diane arrivera probablement dans l'après-midi du Taj Mahal, mais n'a pas d'info précise. Tant pis, je vais m'adapter.

Voilà, le moment est venu de nous séparer de notre super guide qui va repartir pour d'autres aventures avec d'autres touristes hyper chiants (ben oui, comparés à nous, ils seront tous hyper chiants. C'est sûr !). En tout cas, un grand merci Sanjay, car grâce à Dorjay et toi, nous avons vécu un séjour fantastique et nous repartons avec des souvenirs merveilleux.

Je monte m'installer dans une super petite chambre, puis rejoins Dalhia et Christel dans le hall. Après avoir laissé un mot à la réception pour Diane, nous partons vers Connaught Place pour déjeuner. Sanjay nous a dit que c'est là qu'on avait le plus de chance de trouver un bon steak. Et ON VEUT un bon steak ! Alors il nous a même indiqué un restaurant. Avec nos plans, on va être hyper efficaces, et sûr, on va trouver du premier coup.

Au premier carrefour, un monsieur nous dit qu'on ne peut pas aller à Connaught Place par là, car tout est fermé à cause d'une manif. Au même moment, nous sommes rejointes par Elisabeth qui a sorti sa magnifique tenue de touriste. Mais finalement, elle décide de tenter sa chance toute seule. Du coup, nous continuons tout droit, mais au deuxième carrefour, même topo. Nous finissons par prendre une rue sensée rejoindre la place… heu, les filles, il y a un gars qui s'incruste. Soi-disant, il est étudiant et apprend l'anglais. C'est pour ça qu'il a engagé la conversation avec nous. Il ne veut pas d'argent. Juste s'entraîner. En même temps, il nous indique les directions - This way. This way -. Ah, et il est prof de danse aussi.

Oui, enfin, il est surtout pot de colle. Ca fait quatre fois qu'il nous dit "Bye bye" et continue avec nous.

A Connaught Place, nulle trace d'une quelconque manifestation. Aussi, Dalhia demande-t-elle à un policier l'emplacement du restaurant que nous cherchons. Nous entrons dans un bâtiment et montons au deuxième étage pour découvrir un cadre pour le moins… déconcertant. Des banquettes en skye défoncées, une salle peu avenante. Oui, ça semble être un restau. Fréquenté par des locaux uniquement, mais qui semblent de bonne extraction (OMG ! Ca fait très snob, dit comme ça). Un serveur nous apporte deux verres d'eau puis disparaît. Plus personne à l'horizon. Au bout d'un moment, nous finissons par jeter l'éponge et changeons de crèmerie. En continuant vers la place, nous tombons sur un Mac Do. Valeur sûre, le Mac Do. On devrait y trouver notre bonheur. Avec Dalhia, on est un peu bloquées sur notre viande de bœuf. Et avec nos petits problèmes intestinaux du jour, un burger devrait faire l'affaire. Sauf que y'a pas de bœuf. OK, je vais opter pour un Chicken McGrill, tandis que Christel bifurque vers le poisson. Mouais… même le poulet en burger est trop épicé. Et je parle même pas de celui de Dalhia qui a pris un Massala !

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Autant le dire tout de suite, Connaught Place, j'y ai pas compris grand-chose. J'ai même pas osé sortir l'appareil-photo. Nous décidons donc de rejoindre Dilli Haat, le "temple" de l'artisanat. En auto-rickshaw (plus communément appelé tuk-tuk). Les 20 minutes de trajet à trois tassées sur la banquette sont formidables. On a un peu d'air, on peut admirer la ville… et on est au milieu d'une circulation de dingue ! Ca déboule de tous les côtés. Le mieux reste encore de faire confiance à notre chauffeur.

A Dilli Haat, il faut prendre des billets pour entrer dans le marché artisanal. Ici aussi, c'est contrôle des sacs. Comme Dalhia ne se sent pas très bien, avec cette chaleur écrasante, nous trouvons un coin à l'ombre et du Pepsi, où elle va s'installer le temps que Christel et moi allions faire les boutiques. En fait, Dilli Haat, c'est comme un marché de Noël, mais par 42°C à l'ombre.

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Nous décidons finalement de rentrer à l'hôtel en tuk-tuk (je crois qu'on y prend vite goût, à ce mode de transport) et prévoyons de nous retrouver au bord de la piscine.

Tiens, Diane est rentrée de son escapade. Nous descendons donc toutes les deux et passons en mode lézard. Une piscine et des chaises longues, rien de tel pour finir des vacances en beauté. Il est temps de tester l'eau.

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Sur le coup de 18h,  nous repartons toutes les quatre vers le marché tibétain. Dalhia vient de lier connaissance avec un inconnu qui finalement nous en a éloignées. Heu… non, je crois qu'il ne voulait pas seulement discuter, celui-là. Mais comme on est super fortes (warriors !), on finit par trouver toutes seules. Et là, c'est une avalanche de bols tibétains, de têtes de bouddhas, de t-shirts ladakhis. Le marché de la dernière chance pour qui n'a pas encore tous ses cadeaux. Puis, direction le Pizza Hut, autre valeur sûre (et vraiment sûre, celle-là).

Nous rentrons à l'hôtel par les grandes artères bien fréquentées, puis je fais un peu de zapping avant d'aller dormir.

La télé indienne doit sans doute être la plus kitsch de tout ce que j'ai pu voir au cours de mes voyages. Le podium se disputera certainement entre le monsieur à grosses moustaches et au regard qui tue sur une musique de suspens de la mort qui tue une deuxième fois, et le Chuck Norris local.

7 février 2016

Les routes de l'impossible - J13

Jeudi 8 mai 2014

Le problème avec le froid à ces altitudes, c’est que même les plus résistants ont besoin de se lever au milieu de la nuit pour répondre aux exigences de leur vessie. Et quand je dis froid, il fait très froid. Déjà, sortir du duvet, c’est pas évident. Mais enfiler les chaussures glacées… Et puis la nuit est noire. Très noire. Lampe de poche indispensable pour retrouver la tente des toilettes. Et puis il y a les chiens. Des aboiements de loin en loin. Ca se rapproche, non ? Autant dire qu’en général, on fait très vite, de peur que des bestioles, humant la chair fraîche, rappliquent. Et je vous raconte même pas quand il faut casser la légère couche de glace qui s’est formée dans le tonneau qui sert à la chasse d’eau.

J’étais drôlement contente de retrouver mon sac de couchage et mes bouillottes encore chaudes. Ce qui m’a permis de me rendormir immédiatement.

Puis j’ouvre un œil vers 5h30, je somnole encore un peu et je commence à m’habiller en attendant le thé et la bassine d’eau chaude. A 7 heures, tout le monde est là pour le petit déjeuner. L’estomac est toujours un peu patraque, alors ce sera léger. Heureusement, Sanjay m’annonce que la chèvre aussi a passé une nuit tranquille. Vers 5 heures du matin, elle a rejoint son troupeau qui passait devant notre camp. Elle finit mieux que la chèvre de M. Seguin, celle-là.

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Le jour est levé, mais il fait encore très froid : - 7°C. Aussi, on ne va pas trop traîner. Après avoir remis les enveloppes au staff et pris congé, nous remontons en voiture et prenons la direction du col du Taglang La. Pour cela, il faut d’abord sortir de cette plaine où aucune piste n’est tracée, et retrouver la route Manali - Leh. Le chauffeur a un bon sens de l’orientation, parce qu’il semble aller au jugé, quand soudain, Ô miracle ! Une route goudronnée… Sur 50 mètres.

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La super Leh - Manali Highway (faut-il donner ici à « Highway » un sens beaucoup plus littéral que celui généralement employé pour nommer les grandes autoroutes américaines ? Ca laisse songeur, n’est-ce pas ?), empruntée par les bus, les voitures, les camions de ravitaillement du Ladakh, n’est pas encore complètement ouverte, mais le Taglang La, plus haut col de cette route, est praticable. Sur le chemin, nous nous arrêtons encore une fois pour observer les ânes sauvages, enfin de beaucoup plus près (merci le super zoom quand même).

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Au fur et à mesure de la montée, les bas-côtés se couvrent de neige. La route est pleine d’ornières et glisse un peu. Mais notre chauffeur, le plus expérimenté des trois d’après Sanjay, négocie parfaitement les passages difficiles. Nous rejoignons bientôt le tractopelle qui a ouvert la voie et dans les traces duquel nous roulions, et nous le dépassons avant l’arrivée au col.

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Le Taglang La culmine à 5328 mètres d’altitude, ce qui en fait la deuxième route carrossable la plus haute du monde derrière le Khardung La. Mais contrairement au grand frère, celui-ci est désert, aujourd’hui. Ce qui nous laisse le loisir d’admirer tranquillement le paysage qui vaut le détour. Et avec tout notre vécu, on peut cette fois en profiter sans être autant gênés par les effets de l’altitude, même si le souffle est un peu court.

Bon ben voilà, j’ai les deux plus hauts cols carrossables du monde à mon actif. Je suis trop une aventurière !

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Il nous reste le plus dur à faire, car la route qui redescend de l’autre côté vers la vallée de l’Indus est sur une face moins exposée au soleil, et la neige et la glace sont très présentes. Les congères montent jusqu’à 2 mètres 50 de haut. Du coup, nous laissons le tractopelle, qui nous a de nouveau dépassés pendant notre halte au col, ouvrir la route. C’est un tractopelle de course, celui-là. Il ne nous reste plus qu’à faire confiance à notre chauffeur et admirer la vue.

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Voici enfin la vallée et la route goudronnée. Puis le village de Somasa, où les villageois sont en train de labourer avec un cheval et une charrue, pour semer de l’orge.

Après plusieurs heures de route, nous arrivons à Upshi, où nos chauffeurs font une pause-thé, tandis que Dorjay signale au poste de police que nous sommes redescendus, puis nous rejoignons les bords de l’Indus, cette fois plus marron que bleu. Voici de nouveau le gigantesque camp militaire Trishul, puis le monastère de Thiksey au pied duquel nous nous arrêtons pour déjeuner. Pour moi, ça ne sera pas compliqué : riz blanc. Dommage de ne toujours pas pouvoir toucher au repas de notre cuisinier.

Nous arrivons à notre hôtel de Leh sur le coup de 13 heures. Là, m’attendent des nouvelles de Diane. Elle a retrouvé Sonia à Leh, qui lui a proposé de les accompagner, Téo et elle à Delhi, d’où ils allaient visiter le Taj Mahal. Diane a donc fait changer son billet pour redescendre deux jours plus tôt. Nous nous retrouverons à l’hôtel à Delhi. Elle a eu bien raison d’en profiter, Diane. Parce que toute seule à Leh pendant trois jours, on doit finir par tourner un peu en rond.

Me voilà avec une chambre pour moi toute seule, et la superbe opportunité de prendre une longue, très longue douche chaude. Quel délice ! Puis, avec Christel et Dalhia, nous montons en ville pour faire les boutiques : cartes postales, confiture d’abricots du Ladakh, t-shirts et vêtements tibétains. Et quand les nécessités de commodités se font ressentir, nous optons pour le Friend’s Corner, un restaurant au 2ème étage d’un immeuble donnant sur la rue principale, avec une belle salle ensoleillée. Les toilettes par contre, sont un désastre : un cagibi sombre et d’une puanteur insoutenable, étroit, et pour une fois, on ne regrette pas qu’ils soient à la turque. Dalhia renonce. Moi je tente ma chance, mais en sortant de là, je n’ose plus rien toucher tant que je ne me suis pas désinfecté les mains (désolée pour toutes ces histoires peu ragoûtantes de toilettes, mais ça fait aussi partie de ce qui fait l’Inde).

Par contre, le thé à la menthe est excellent

Nous continuons notre shopping par la visite d’un marché tibétain, avec pleins de d’objets et de bijoux « ancient » - mais bien sûr ! – ou avec « Saphir and silver » - oui oui, j’y crois -, puis par une minuscule boutique genre brocante d’objets et vêtements tibétains.

Nous voilà de retour à l’hôtel où j’ai encore le temps de faire quelques cartes postales avant le dernier repas avec toute l'équipe, puisque Dorjay ne nous accompagnera pas à Delhi.

Pendant le dîner, Sanjay nous brieffe sur ce qu’il faut visiter à Delhi, car nous aurons quartier libre. Demain, c’est réveil à 5 heures, car il faut partie à 6 pour l’aéroport.

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6 février 2016

Entre deux eaux - J12

Mercredi 7 mai 2014

Les chiens ont fait la sarabande toute la nuit. A 1h30, quand je me suis réveillée, je les entendais courir entre les tentes. Il y en avait même un qui grognait tout près. Là, classique, on commence à se faire des films : et si c’était pas un chien, mais un loup ? C’est pas un maigre mur de toile qui va me protéger. Mais qu’est-ce que je fiche toute seule dans cette tente ? Pour me rassurer et me rendormir, je me raisonne en me disant que les chiens sont là pour protéger des loups. Bon, en fait c’est stupide. Mais ça marche (ça et les bouchons d'oreilles). En plus le duvet est super efficace, et je dors bien au chaud jusqu’à 5h30.

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Il commence à faire un peu plus clair. Certains sont déjà debout depuis longtemps. Dalhia a été malade, et ce matin c’est pas la grande forme. Le thé arrive à 6h30, puis l’eau chaude, et nous nous retrouvons bientôt pour le petit déjeuner. « En terrasse », car la tente du mess a déjà été démontée. Tout le monde est emmitouflé, recroquevillé sur son pliant, les mains autour de sa tasse, mais bizarrement, je me sens bien. On est au soleil, le ciel est bleu, limpide.

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Nous partons à 8h pour le point de vue sur le lac Tso Moriri. Le vent est tombé, le paysage est transformé. C’est superbe. On reste là un petit moment, et Cath et Sanjay entament la construction d’un stupa.

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Sur la route qui nous conduit à Tso Kar, nous recroisons les nomades en train de sortir les troupeaux. Puis nous nous arrêtons au bord du petit lac Kyagar pour quelques photos. Il paraît qu'on appelle le coin Marmotte Land. Je me demande bien pourquoi... Le lac est complètement gelé. Un peu froid pour les marmottes, non ? A défaut, nous avons la chance de voir quelques ânes sauvages. De loin. Un peu mieux que ceux que nous avons vu la veille dans la tempête. Mais loins quand même.

Après avoir repassé le col, nous bifurquons vers le village de Sumdho où nous avons prévu d’apporter des fournitures pour l’école. Il s’agit d’un internat pour les enfants de nomades tibétains entre 3 et 8 ans, géré par « SOS Villages d’Enfants ». Les enfants sont en classe, soit en train de jouer pour les plus petits, soit en plein cours. Aussi, nous essayons de nous faire discrets pendant la visite. Comme partout, il y a les studieux, les bûcheurs, les têtes, et puis les autres qui doivent se donner un peu plus de mal. Leurs moyens sont particulièrement rudimentaires, tout comme leurs installations.

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Au moment de la récré, tout le monde se retrouve dehors et les surveillantes distribuent la « collation » du matin. Nous on en profite pour s’éclipser.

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Et nous voilà de nouveau sur la route. Plus loin nous débouchons sur une vallée aux étonnantes couleurs jaune, brune et blanche : les sources chaudes de Puga.

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Les eaux soufrées charriées par la rivière déposent sur ses rives leurs résidus et créent de véritables peintures. De la plaine, montent par endroits des jets de vapeur et quelques mini geysers. Au milieu de tout cela, des troupeaux de chevaux et de yacks en liberté paissent dans l’herbe rase. On doit faire tâche, avec nos voitures, dans ce paysage des premiers temps du monde.

Il devient de plus en plus urgent de faire une pause technique. Mais il n’y a pas un endroit pour s’abriter, dans ce désert de roche. Il va falloir tenir jusqu’au Pologongka La, l’un des cols qui culmine à 4950 mètres. La halte déjeuner se fait après le passage du col, au milieu d’une prairie à l’herbe rase. Il fait bon au soleil, mais je n’ai pas très faim. La voiture à outrance, ça creuse pas. Mais malgré tout, on a la chance de voir de nouveau quelques ânes sauvages.

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Nous sommes maintenant tout près du lac Tso Kar, qui signifie « eau blanche ». Il s’agit d’un lac salé dont la superficie a fortement diminué depuis quelques années. D'ailleurs, ses abords sont tapissés de dépôts de sel. Il est probable que, tout comme la mer d’Aral, il n’en restera bientôt plus rien. Tout autour du lac pâturent des troupeaux de chèvres pashminas aux longs poils soyeux, de yacks, ainsi que quelques moutons et chevaux. Ces chèvres sont la richesse de cette terre (si tant est qu’on puisse parler de richesse). Leur laine est parmi la plus douce, la plus chaude, et la plus recherchée qui existe, loin devant l’alpaca. Tiens, si j’adoptais une chèvre, pour les longues soirées d’hiver ? (C’est Carole qui serait contente de venir chez moi !)

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Trève de plaisanterie : moi, ça va pas des masses. L’estomac et les intestins commencent à faire la grimace. Courage, il faut tenir le coup, au moins jusqu’au camp. Nous longeons maintenant le lac, rencontrant sur notre chemin plusieurs campements nomades, ou parfois seulement les murs de pierres formant des enclos ou des emplacements de tentes. Les nomades viendront s'y ré-installer dans quelques temps. Mais toujours pas le nôtre, de camp. Il y a deux emplacements possibles, et Sanjay et Dorjay se demandent où le staff s’est installé. Quand nous les retrouvons enfin, ils sont en train de lutter pour monter les tentes. Ils ont dû mettre le camion en paravent, auquel nous ajoutons les voitures.

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Le vent commence à souffler sévèrement, et vu mon état, j’aime autant me réfugier dans la voiture où je commence à somnoler en attendant d'avoir une tente. C’est le moteur de la voiture qui me réveille. Hou là ! Je suis un peu grognon, moi. Peut-être qu’un peu de thé me fera du bien. Nous nous installons sous la tente du mess, mais les bourrasques se font plus violentes, et nous voilà soudain au cœur de la tempête de sable qu’on voyait approcher. Il ne reste plus qu’à tenir les mâts de la tente, tandis que le staff consolide l'installation.

Ah ça y est, les toilettes sont montées ! Enfin ! Allez, avec mes copains Spasfon et Vogalène, on va inaugurer. Il faut aussi penser à calculer les pourboires pour le staff, car c’est notre dernière soirée avec eux. Allez savoir pourquoi je pense à ça aux toilettes, moi. Parfois, on pense vraiment à n’importe quoi, aux toilettes.

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A 15 heures, nous repartons pour le lac. Les rives sont recouvertes de dépôts de sel, légèrement soufrés.

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La beauté du ciel et des nuages donne envie de tout prendre en photo. Il y a les troupeaux, aussi. Ces chèvres sont magnifiques (elles pourraient presque concurrencer les vaches Aubrac… Mais bon, faut pas pousser non plus). Comment un pays aussi désert, désolé, inhospitalier, peut-il être aussi beau ?

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Nous voilà de retour au camp. Le temps de faire un brin de toilette et de préparer les enveloppes pour le staff, et c’est l’heure de l’apéro. Le vent n’est toujours pas tombé, mais la lumière est extraordinaire. Et heureusement, sous la tente du mess, on est à l’abri malgré les rafales. Avec Dalhia, on fait sobre ce soir. Dommage pour la dernière soirée de camp. Mais il faut savoir raison garder. Pour le repas qui suit l’apéro, je me contenterai d’un peu de riz et d’une patate. Alors que j’aurais bien aimé faire une dernière fois honneur à la cuisine de notre chef qui s’est surpassé à chaque camp. Bon, je vais quand même goûter au super gâteau marqué « Good Luck ». Parce que réussir à faire cuire un gâteau à cette altitude avec les moyens du bord, c’est une véritable prouesse !

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Soudain, sur la fin du repas, nous sommes dérangés par des bêlements. Une petite biquette égarée pointe bientôt son museau à la porte de la tente. Elle n’est pas rentrée avec son troupeau, et la voilà seule dans la nuit noire, cherchant réconfort et sécurité - elle a vu de la lumière, et elle est entré -. C’est qu’une fois la nuit venue, celle qui n’est pas dans les enclos a peu de chances de survie (Merci les gars, d’éprouver notre pauvre sensibilité féminine avec votre réalisme déplacé). Gros dilemme : qu’est-ce qu’on peut faire ? Il faudrait la ramener à son troupeau. Oui mais lequel ? et dans la nuit, comme ça ? On sait même pas où sont les nomades. En plus, faut pas trop se balader seul, une fois la nuit tombée. C’est la nature sauvage, ici. Quoi la sélection naturelle ? Elle peut aller se faire voir, la sélection naturelle ! A quoi on nous répond : « Qui veut la prendre avec elle sous sa tente ? »

Finalement, problème réglé : Blanchette s’est couchée entre nos deux voitures garées nez à nez, et les gars du staff ont installé les sacs des tentes tout autour d’elle pour la protéger des prédateurs.

Bon, là il fait très très froid. Les bouillottes et la couverture en mains, je rejoins mes quartiers, me shoote au Smecta pour la nuit et me glisse dans le super duvet « températures extrêmes ». Extinction des feux à 20h30.

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5 février 2016

A Tso Moriri, renonce au bikini - Proverbe himalayen - J11

Mardi 6 mai 2014

Il a plu dans la nuit, mais ce matin c’est un magnifique ciel bleu qui nous accueille au moment où Dorjay vient nous porter le thé et l’eau chaude. Il fait quand même froid, et sortir du sac de couchage n’est pas facile, même si les bouillottes ont contribué à une nuit excellente.

A 7h15, tout le monde est déjà là pour le petit-déjeuner, et j’arrive peut-être la dernière, mais à l’heure prévue (7h30). Oui, moi le matin, faut pas me bousculer tant que j’ai pas mangé. Mes compagnons de Torres del Paine pourront confirmer.

Alors que le camp est encore en plein rangement, nous embarquons dans les voitures pour une longue route jusqu’aux lacs. Diane partira peu après pour Leh avec Tanchos et le 4x4. Elle va faire du monastère et encore du monastère. On se revoit dans trois jours. Mais en attendant, on a fait un échange de sacs de couchage (Faut avouer, mon vieux sac rescapé des scouts ne tient pas la distance face à son super sac "températures extrêmes"), et me voilà drôlement bien équipée pour affronter la froidure des nuits himalayennes d’altitude.

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Après un arrêt photo au monastère de Chamde, nous voilà de retour le long de l’Indus, sur des routes à peu près correctes, quoique parfois entravées de ralentisseurs. Pour éviter un ralentisseur, c’est simple : il suffit de rouler sur le bas-côté complètement défoncé. Logique.

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Nous nous arrêtons au poste de police de Upshi pour demander si la route du col que nous devons emprunter au retour est ouverte. En effet, nous avons prévu, après les lacs, de prendre la route qui monte de Delhi et Manali vers le Ladakh, et passe par trois cols d’altitude. Les fameux cols qui, étant fermés en ce début de printemps, avaient empêché l’agence d’envoyer notre ravitaillement par route avant le début du voyage. L’armée semble dire que ce sera OK. Donc nous repartons confiants.

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La route alterne maintenant entre goudron et piste, au fur et à mesure que l’on s’enfonce au cœur des montagnes. C’est pas très fair-play pour les cervicales, et j’en viens presque à regretter mon 4x4. Mais après de village de Kiari, le paysage offre de magnifiques teintes lie-de-vin auxquelles les photos ne rendent pas hommage, et ça, ça fait tout oublier. Et puis on a parfois quelques surprises, comme ce pont de fortune encore en activité, bien qu’il semble être au milieu de nulle part. En tout cas moi, il faudrait me payer cher pour le traverser.

Au village de Chumathang, nous nous installons dans un restaurant au bord de la rivière pour déjeuner. Il fait une chaleur étouffante dans la salle. Aussi, dès le repas terminé, nous voilà de nouveau dehors pour aller jeter un œil aux sources chaudes. Et en effet, ça sent le souffre. Mais en guise de sources, on voit surtout quelques bouillonnements sur les bords de la rivière. Quand on a vu Yellowstone, ça fait un peu de la peine.

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Le camion d’Adventure Tours (notre camion d’intendance) nous a rejoints, mais il a rencontré quelques difficultés et il va falloir réparer. Et ici, c’est réparation à l’indienne : on met en caillou devant la roue pour que le camion monte dessus et permette de positionner le cric. Faut quand même avoir confiance !

Laissant nos intendants à leurs réparations, nous reprenons la route qui monte vers le lac. Le temps se couvre de plus en plus et la route tourne beaucoup. Heureusement, mon installation à l'avant de la voiture m’aide à garder mon estomac à sa place. Assez vite, nous attrapons la pluie qui se mélange bientôt avec de la neige alors que nous arrivons au col.

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Les drapeaux de prière du carrefour ont été mis à terre par le vent. Aussi, les hommes (et Elisabeth) décident-ils d’aller les relever. En plus, si ce petit geste peut nous apporter les bonnes grâces de Bouddha et de la nature… Moi j’ai un peu du mal à garder les yeux ouverts, et j’ai froid. Alors je laisse faire les hommes forts (quoi, l’égalité ?).

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Un peu plus loin sur le plateau, alors que cette fois il neige carrément, et que nous venons d'apercevoir quelques ânes sauvages que ça n'a pas l'air de perturber, nous arrivons en territoire nomade et sommes accueillis par une famille qui nous invite à partager le thé sous sa tente.

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Le moins qu’on puisse dire c’est que l’habitat est rudimentaire : une toile basse, lestée de pierres pour résister au vent, et ouverte en son milieu de toit pour laisser s’échapper la fumée du poêle. Mais du coup, ça laisse aussi entrer la neige qui tombe, et nous devons nous serrer sur les côtés. Les conditions de vie de ces nomades sont à l'image de leurs maisons : spartiates. L'été ils montent plus haut dès que la fonte des neiges le permet, pour accompagner leurs troupeaux (yacks et chèvres pashminas). L'hiver ils redescendent vers les vallées, là où le terrain est un peu plus praticable. Et même si maintenant certains ont un 4x4, ils restent tout de même loin de tout. La plupart des enfants sont d'ailleurs envoyés en pension à partir d'un certain âge, et ne rentrent voir leurs parents qu'aux vacances. La conversation est instructive même si elle se fait par traducteur interposé. Nous finissons par prendre congé après leur avoir remis quelques affaires apportées pour la circonstance et qui seront utiles pour lutter contre les températures de ces latitudes.Puis nous reprenons la route.

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Le ciel semble s’éclaircir quelque peu, et par endroits, le soleil arrive même à faire une petite percée. Nous atteignons bientôt le poste de contrôle, puis le village de Korzok, au bord du lac Tso Moriri. Là, nous visitons le monastère où est en train de se dérouler une cérémonie.

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C’est la première fois que nous avons l’occasion d’y assister, et le mélange des psalmodies et des instruments donne un véritable côté mystique à cet endroit nu éloigné du monde. - A condition d'oublier que l'un des moines a gardé une paire de lunettes de soleil rouge sur le crâne pendant la cérémonie. Ca casse un peu le mythe -.

Nous redescendons ensuite vers notre campement qui est en cours d’installation au bas du village (comme quoi, la réparation à l’indienne du camion, ça a tenu), puis continuons vers le point de vue sur le lac complètement gelé.

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Le temps se découvre par endroits, mais il y beaucoup de vent. Ca a beau être très beau, c’est aussi très froid. Et après notre longue route, on rêve du bon thé bien chaud qui doit nous attendre au mess. Et moi je rêve d’un massage tant mes cervicales me font souffrir. Heureusement, il y a Elisabeth et sa poigne ferme. Merci Elisabeth!

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Mais comme quoi l’être humain est adaptable, cela ne m’empêche pas, après la pause-goûter, de faire une grande toilette à l’eau froide et à la bassine sous le auvent de ma tente (une tente pour moi toute seule, c’est trop génial !). Et mine de rien, ça ça réchauffe. Me voilà requinquée et parée pour aller admirer le magnifique coucher de soleil qui illumine les montagnes sur l’autre rive du lac.

Condition sine qua none pour regarder un coucher de soleil himalayen en mai : maîtriser la technique multi-couches, dite "de l'oignon". Polo technique, polaire, gore-tex, protège-cou, bonnet.

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C’est aussi l’heure du retour des chevaux vers le village. Pas la peine d'aller les chercher ou de les guider : c'est l'heure, la lumière baisse, le troupeau rentre tout seul (ou alors c'est l'appel du ventre).

Avec la tombée de la nuit, il commence à faire très très froid. Après un repas rapide mais délicieux, tout le monde rejoint donc ses pénates sans traîner. Pour moi, ce sera trois bouillottes, une couverture pour mieux s’isoler du sol, et le duvet de Diane. J’essaie bien d’écrire un peu dans mon journal de bord, mais l’encre du stylo a aussi froid que moi.

Il ne me reste plus qu’à ignorer les aboiements des chiens et m’endormir sous ma ma toile légère, à 4600 mètres d’altitude. Presque le toit du monde (à 4000 mètres près).

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8 novembre 2015

C'est la fête au village - J10

Lundi 5 mai 2014

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Nous quittons Summur à 8 heures et reprenons la route dans l’autre sens pour quitter la vallée et rentrer sur Leh. Lors de la montée vers le Khardung La, Diane a de nouveau droit à sa petite ration d’oxygène. En haut rien n’a changé. Nous nous arrêtons très rapidement, le temps de faire une pause technique. Là non plus, les conditions n’ont absolument pas évolué depuis trois jours. Moi qui avait tant espéré un sursaut des organisations non gouvernementales et des Nations Unies visant à améliorer les conditions d’hygiène et de voyage… Râté ! Mais bon, on ne peut pas tout faire.

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Et en ce moment, on s’occupe des élections : des caravanes de bus montent vers le col pour amener dans la vallée les personnes qui vont s’occuper de tenir les bureaux de vote. Autant dire que les croisements sur la route sont périlleux, et que c’est encore plus impressionnant qu’à l’aller. Nous redescendons vers le checkpoint de South Pullu et faisons une pause déjeuner quelques kilomètres avant Ganglas. Il fait bon, il y a du soleil, et même si on est au bord de la route, c’est plutôt sympa. Et pendant que nous on profite, les chauffeurs s’activent pour changer la roue crevée de la voiture de Christel, Dalhia et Elisabeth. Vu l’état des routes, c’est pas vraiment surprenant.

A Leh, Sanjay s’arrête à l’agence pour refaire le plein d’oxygène et organiser les trois jours pendant lesquels Diane ne nous accompagnera pas. En effet, nous allons monter à 4700 mètres d’altitude et y camper, et Sanjay et elle sont tombés d’accord pour dire qu’il vaut mieux qu'elle ne prenne pas le risque. Donc, nous allons ensemble à Sakti pour cette nuit, mais ensuite, tandis que nous irons vers les lacs de Tso Kar et Tso Moriri, elle redescendra sur Leh avec Tanchos, notre chauffeur, et aura son propre programme de visite.

En quittant Leh, nous croisons des convois des deux partis politiques en campagne, avec drapeaux et mégaphones. C’est le dernier jour de campagne avant les élections, et ça se voit. Ils mettent tous le paquet. Mais bon, nous on vote pas, alors on s’en fiche un peu, même si ça donne l’occasion de quelques discussions intéressantes avec Sanjay pour comprendre l’enjeu de ces élections et les programmes des deux partis.

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Nous reprenons la route le long de L’Indus que nous avions faite les premiers jours, et repassons devant Shey Palace et Thiksey. Puis nous bifurquons au niveau du camp de Karu. Nous nous arrêtons devant le monastère de Chamde le temps d’une photo, puis, en montant vers le monastère de Tak Thog, nous passons devant notre campement en cours d’installation. Le moine qui garde les clés n’est malheureusement pas là, mais on va quand même en profiter pour faire une pause technique. Vu le chemin qui mène aux toilettes, faut pas avoir une envie trop pressante.

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Le campement est installé dans un joli pré traversé par un petit ruisseau, sous les arbres (sans feuilles pour le moment). Les tentes sont déjà montées et nous pouvons emménager et nous reposer un peu avant l’heure du thé. Pendant ce temps, Dorjay est retourné au monastère pour essayer de trouver le moine. Il nous appelle vers 17 heures pour nous annoncer que c’est bon, on peut aller visiter.

 

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Tak Thog est le seul monastère du Ladakh dédié au courant bouddhiste des Bonnets Rouges. Il a été bâti au 13ème siècle, autour d’une grotte qui servait à la méditation. La grotte fut la première salle de prière et est toujours visible aujourd’hui. Depuis le monastère, on a une très belle vue sur la chaîne de montagnes. Ce qui est un peu moins sympa, c’est le temps qui est en train de se couvrir.

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Sur le chemin du retour, nous sommes invités à rejoindre les villageois qui se sont rassemblés pour une fête. Les femmes sont installées sous les tentes, à prendre le thé, tandis que les hommes font du tir à l’arc avec un CD pour toute cible, et qu’un orchestre joue de la musique traditionnelle. Nous sommes accueillis avec beaucoup de convivialité. Mais moi, j’aimerais bien essayer le tir à l’arc. Mais bon, c’est peut-être réservé aux hommes ? C’est à croire que l’un d’eux a lu dans mes pensées, car il vient vers moi et me propose l’arc et une flèche. J’ai un peu du mal à réaliser. Je ne voudrais pas commettre d’impair. Mais non, il est bien en train de me proposer d’essayer. Trop bien ! Et en plus, je m’en sors plutôt pas mal et ai droit aux félicitations. Puis, on nous offre le thé, délicieux, avec son lait au léger goût de caramel. Il y a une ambiance super sympathique, les dames nous entourent, veulent qu’on prenne des photos ensemble. Et comme dans toute belle histoire, tout finit par des chansons. Nous voilà entraînés dans des danses et chants interminables. Un très beau moment de partage et d’amitié qui restera longtemps dans mes souvenirs.

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De retour au campement, il nous reste une heure à tuer avant le repas. L’occasion de faire un brin de toilette et d’aller tester les WC d’extérieur. Les meilleurs que j’aie connus en camp : sous une tente cabine complètement fermée, nos intendants ont installé un véritable siège de toilettes sur une palette, avec le tuyau qui se déverse dans un trou creusé dans le sol, à l’arrière. A côté de la cuvette, un grand bidon et un broc permettent de puiser de l’eau à déverser dans la cuvette pour faire chasse d’eau. On est bien installé, et à l’abri de la pluie qui semble vouloir s’inviter ce soir.

Et pour le repas, notre cuisinier nous a gâtés : pop corn et menu chinois.

La nuit est tombée, il pleut un petit peu et le vent s’est levé. Tout le monde a l’air d’avoir froid. Bizarrement, je suis plutôt bien. Ce qui ne m’empêche pas de repartir avec mes deux bouillottes et une couverture pour la nuit qui s’annonce bien fraîche. Un dernier petit tour aux toilettes, un gros fou-rire avec Elisabeth qui commente (ça dédramatise), et il est temps de fermer les écoutilles.

Au fait, bon anniversaire Petit Frère ! (avec le décalage horaire, c'est bon, je ne suis pas top en retard)

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6 novembre 2015

Le petit désert de Gobi - J09

Dimanche 4 mai 2014

     J’ai beau m’être réveillée avant la sonnerie du réveil, je suis décidément trop bien pour bouger. Voilà qui appelle à la grasse matinée. Mais non, il faut attaquer une nouvelle journée. Dehors, le ciel est bleu, le soleil brille. Courage !

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Après le petit déjeuner, nous partons pour Diskit, de l’autre côté de la vallée. Diane continue le voyage dans l’autre voiture, tandis que je reste dans le 4x4 avec nos deux guides. Après avoir traversé le Shyok, nous attaquons une route de montagne étroite parfois recouverte de sable, en fonction du vent. Le paysage alentours est un véritable désert de dunes, un « petit désert de Gobi ». Sur le bord de la route se succèdent panneaux de prévention routière et messages écologiques dont je ne pouvais manquer de ramener un petit florilège :

« Buy local, save earth »,

« Go clean, go green »,

« Left is right, right is wrong »,

« Keep off mobile or keep off road »

 

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Le monastère de Diskit est le plus ancien et le plus grand monastère bouddhiste de la vallée de la Nubra. Il domine toute la vallée et offre une vue imprenable sur la chaîne du Karakoram. Il a été construit à flanc de montagne, en une multitude d’étages et de niveaux… En clair, ça fait beaucoup d’escaliers. Nous visitons tout d’abord la salle de Mahakala, divinité protectrice au visage grimaçant et coléreux sensée faire peur aux esprits malfaisants. En dehors des cérémonies, toutes les statues ont le visage dissimulé sous des tissus et des tentures.

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La visite de Diskit est également l'occasion de parler du Panchen Lama devant la fresque représentant le monastère tibétain de Tashilhunpo (dont le Panchen Lama est le chef) : le Panchen Lama appartient au courant des "Bonnets Jaunes" et est le 2ème plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain, après le Dalaï Lama. Il est issu de la lignée de réincarnation du Bouddha de Lumière Infinie, Amitabha. Normalement, le Panchen Lama et le Dalaï Lama doivent se reconnaître mutuellement, lorsque la recherche de leur nouvelle incarnation a abouti. Or, la reconnaissance du 11ème Panchen Lama a donné lieu à une importante controverse : en 1995, six ans après la mort du 10ème Panchen Lama, un jeune garçon fut reconnu comme sa nouvelle incarnation. Quelques jours après, lui et sa famille disparurent, sans doute enlevés par le gouvernement chinois qui cherchait à imposer un autre enfant comme Panchen Lama. Il devint, à l'âge de 6 ans, le plus jeune prisonnier politique du monde. On ne sait pas s'il est actuellement toujours en vie.

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Comme je le disais plus haut, la vue depuis Diskit est assez exceptionnelle. Mais elle se mérite, car ses escaliers sont parfois très rudimentaires, et il n'est pas rare que le mortier ait disparu et laisse apparaître quelques trous à travers le bois des marches disjointes. Prière de ne pas se tenir à la rampe non plus, car elle ne tient pas bien.

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Au dessus des gorges, une autre échelle, encore plus sommaire, plonge littéralement vers la rivière. C'est l'ancien chemin par lequel les moines descendaient chercher l'eau. Personnellement, même avec une croyance inébranlable en une vie future dans une meilleure incarnation, je ne m'y aventurerais pas.

 

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Après avoir fait l'achat de petits portes-bonheur fabriqués par les moines, nous retournons aux voitures qui nous conduisent à la statue géante du Bouddha Maitreya (Le Bouddha du Futur). Pendant la visite du temple situé sous la statue, le moine entonne une prière à notre intention.

Puis nous redescendons vers les voitures qui nous ramènent au village de Diskit. Sanjay et Dorjay ont négocié deux tables dans un restaurant local, bien que nous ayons nos pique-nique… Et même très local, le restau : une cahute sombre avec trois tables, des bidons un peu partout, et les toilettes… Ben vous sortez, vous vous éloignez un peu dans la montagne, et vous choisissez votre coin.

 

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Au village de Hunder, le monastère que l'on devait visiter est malheureusement fermé. Nous optons donc pour la balade digestive le long de la rivière. Le chemin passe sous un magnifique stupa au plafond décoré, édifié pour les cérémonies funéraires.

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Puis Dorjay nous propose de visiter une maison traditionnelle. Un peu gênés, nous sommes accueillis dans une famille qui nous ouvre son intérieur et nous offre le thé. Là, j'avoue, j'ai pas été polie. Mais cardamone et cannelle, c'était ne pas boire ou tout vomir sur le tapis. Mais le pain ladakhi était délicieux.

 

Nos chauffeurs nous emmènent ensuite au bord de la rivière où nous allons pouvoir tester la balade à dos de chameau dans les dunes.

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Le chameau de Bactriane est typique de l'Asie, et peuple notamment le désert de Gobi. Il a longtemps été utilisé pour le transport des marchandises le long de la route de la soie. Avec sa laine épaisse, ses larges pieds et sa double rangée de cils, il est parfaitement adapté à ces zones désertiques et sableuses.

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Par contre, il ne sent pas bon!

Allez, tout le monde en selle. Nous avons opté pour la balade d'une demi-heure, et il n'est plus temps de reculer. On lève la jambe, on passe entre les deux bosses (enfin quand elles ne sont pas raplapla), et… Ah ben le mien il a compris : à peine assise, il s'est levé. Et un chameau, quand ça se lève, il faut s'accrocher pour rester dans la course (le touriste du groupe d'à côté vous en dira des nouvelles : on a juste entendu un "aaaaaaaaah!", et puis plus rien). Heureusement, j'ai travaillé mon assiette.

La balade est bien agréable, bien que nous soyons constamment tenus en laisse par nos "accompagnateurs", chacun ayant la charge d'au moins trois chameaux. On a même un bébé chameau qui accompagne sa maman.

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Sur le chemin du retour, après nous être arrêtés pour acheter de quoi approvisionner l'apéro, nous nous rendons bientôt compte que la voiture de Diane, Jean-Luc et Catherine a crevé. Qu'à cela ne tienne, y a de la place pour se répartir dans les deux autres voitures. Par contre pour les cacahuètes, on est toujours brocouilles. Vivement que le ravitaillement arrive.

C'est au moment de la douche, qu'on a réalisé, pour les coups de soleil. A cette altitude, ça tape et on ne s'en rend pas compte. Heureusement, un bon apéro là-dessus et il n'y paraîtra plus (ou pas). Pour ma part, je vais me contenter de thé, parce que l'œsophage, il ne suit plus… Aïe! Même le thé, ça ne passe plus. Il ne me reste plus qu'à tester le remède miracle de Sanjay pour les brûlures d'estomac. Voilà qui nous entraîne rapidement dans une discussion sur la médecine ayurvédique, puis sur le spiritualité. Et ça y est, Catherine m'a convaincue de tester le yoga, ce qui pourrait m'aider à mieux contrôler mon corps, et par extension, mes problèmes de dos. - 2 ans plus tard, ça devient urgent.

Encore une fois, le repas a été délicieux, même si j'ai l'estomac et l’œsophage en alerte rouge incendie.

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17 avril 2015

Aller plus haut - J08

Samedi 3 mai 2014

8 heures du matin, sous un ciel bleu limpide et un soleil qui s’annonce prometteur, nous embarquons avec armes et bagages dans les trois voitures pour la route du col. Aujourd’hui, nous devons passer par le plus haut col carrossable du monde pour rejoindre la vallée de la Nubra.

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Quittant les faubourgs de Leh, nous nous engageons sur la route qui pique (presque) droit sur la chaîne montagneuse. Une fois passé le dernier village, voici le checkpoint qui surplombe le village de Ganglas. Normalement, la route du col est fermée entre 15h00 et 10h30, mais aujourd’hui est un jour de chance. Nuos pouvons passer sans attendre.

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Un peu plus loin, en contrebas, un troupeau de chèvres himalayennes s’éloigne tranquillement. Le vallon est encore plongé dans l’ombre, mais petit à petit, nous découvrons de magnifiques paysages désertiques, sauvages, où la neige s’invite un peu plus à chaque fois que nous franchissons une ligne de niveau.

Comme j’ai bien retenu ma leçon, j’ai ma bouteille d’eau sur les genoux et avale régulièrement une gorgée. Vu l’altitude à laquelle nous montons, il faut prendre garde à bien s’hydrater pour lutter contre le mal des montagnes.

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Malheureusement, notre 4x4 a des relents de gasoil assez forts, et ça, ça n’aide pas. Diane en ressent assez vite les effets et on convient du fait que le mieux serait peut-être qu’elle change de voiture. Moi, non merci, ça va. Je suis bien dans le 4x4. Je peux prendre de la hauteur et admirer le paysage. Diane échange donc sa place avec Sanjay, et je me retrouve à l’avant du 4x4 (si si, ils ont insisté, juste au cas où !), avec nos deux guides à l’arrière. Sachant que notre chauffeur est guide également, au moins, je ne risque pas de me perdre !

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Très vite, la route laisse la place à une piste cahoteuse et cahotique. Et à partir du checkpoint de South Pullu, nous savons que nous allons en manger pendant 20 kilomètres.

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Nous continuons à monter, doucement mais sûrement… quoique, sûrement n’est peut-être pas le mot exact. Par endroits, la route est impressionnante : étroite, boueuse, pierreuse, bordée de névés. Et il faut y croiser bus et camions. Sur le bord de la route, on voit très régulièrement des groupes d’ouvriers qui travaillent à sa réfection et son élargissement. Et elle en a bien besoin, après les mois d’hiver.

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Avant, il n’y avait que peu de possibilités de croisement, c’est pourquoi la route était bloquée au checkpoint à certaines heures dans un sens, puis dans l’autre au checkpoint situé de l'autre côté du col. Comme sur toutes les routes que nous avons vues jusque là, des tentes de fortune se dressent sur les étroits bas-côtés pour les ouvriers, majoritairement originaires du BiharIls sont installés là en familles,et les jeunes enfants ont les tas de cailloux pour tout tapis de jeu. Ces conditions de vie font mal au coeur.

Alors que la neige se fait de plus en plus présente, nous atteignons enfin le Khardung La (« La » veut dire « col »), 5602 mètres d’altitude, le plus haut col carrossable du monde… et peut-être bien le plus moche ! Beaucoup de voitures, de touristes indiens qui n’ont jamais vu la neige, une immense antenne de télécoms, un groupe électrogène au mazout qui empeste et macule la neige de noir, et l’armée. Pour en profiter, il ne faut pas rester concentré sur le col, mais aller contempler la vue sur les chaînes himalayennes.

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Diane a mieux supporté le voyage dans une voiture plus confortable, mais c’est pas la grande forme non plus. Nous essayons de faire quelques pas pour aller jusqu’à la borne symbolique du col et admirer la chaîne du Karakoram, mais je suis vite obligée de la ralentir et de la ramener, car à cette altitude il faut s’économiser, d’autant plus quand on ne se sent pas bien. Après l’avoir laissée à la voiture, je n’ai plus qu’à chercher un petit coin pour une pause technique.

Christel et Dalhia me confirment que les toilettes locales sont impraticables. Elles ont trouvé un coin à peu près tranquille derrière un bâtiment. Je garde l’endroit pour Catherine, quand un groupe d’indiens s’approche. Je leur fait signe de s’arrêter, mais ils continuent à avancer.

    - Bathroom ! me dit l’homme.

    - Wait a minute, réponds-je en bloquant le passage.

Il a enfin compris. Ouf ! C’est mon tour, mais d’autres indiens sont en train d’escalader la pente avec vue sur mes fesses. Et ça, ça me bloque. Je décide donc de redescendre le long de la route et m’installe derrière un rocher. Sauf que j’ai la vessie capricieuse, et des voitures sont en train de monter. J’ai l’air maline… Bon ben, avec une pensée pour Lolotte ( ;-), je me dis que, trop tard, je n’ai plus qu’à prendre la pause comme si je réfléchissais ou contemplais le paysage. A l’indienne.

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Sanjay a mis Diane sous oxygène quelques minutes, pour lui permettre de réguler sa respiration. Il ne faut donc pas qu'on s'attarde. Tout le monde en voiture, nous repartons. En gagnant des altitudes plus favorables, ça ira mieux. Effectivement, lorsque nous nous arrêtons au village de Khardung pour la pause déjeuner, elle a repris des couleurs et de la vitalité. Nous nous installons dans un petit enclos avec nos paniers repas, et Ô joie immense ! Il y a des toilettes ! Ladhakis peut-être, mais au moins elles sont fermées ! (avec vue sur le paysage par la petite lucarne)

Après avoir déjeuné très rapidement, nous reprenons la route montagneuse qui descend dans la vallée du Shyok. La rivière prend sa source à notre droite, au Tibet, et file à gauche vers le Pakistan pour se jeter dans l’Indus. Face à nous, le Karakoram, ce massif montagneux proche voisin de l’Himalaya, qui abrite le célèbre K2. Nous sommes dans l’extrême pointe Nord-Est de l’Inde.

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Les vallées du Shyok et de la Nubra paraissent beaucoup plus vertes que celle de L’Indus que nous avons quittée ce matin. Le Shyok semble couler paisiblement dans un paysage où alternent une végétation plus avancée et les dunes de sable de ce désert qui s'apparente au désert de Gobi. Après les escarpements du col et la minéralité de l'Indus, cela nous semble une véritable oasis... Pourtant, en regardant maintenant les photos, c'est bien moins flagrant que dans mon souvenir. Comme quoi, c'est très subjectif, tout ça.

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Notre hôtel est situé dans le village de Sumur, où nous attend déjà notre thé de l’après-midi, que nous allons prendre à l’ombre des abricotiers, avant de récupérer nos chambres, simples et fraîches, mais propres.

A notre arrivée, Sanjay a appelé l’agence de Delhi qui lui a recommandé d’emmener Diane à l’hôpital de Diskit, de l’autre côté de la vallée, pour s’assurer que tout va bien et qu’elle ne risque rien suite à cet épisode de mal des montagnes. Elle repart donc à 15 heures avec Dorjay, tandis que nous profitons du chaud soleil de la vallée encore quelques minutes.

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Puis Sanjay nous emmène visiter le monastère de Samstaling, tout près du village.
Ce monastère paraît plus moderne que les précédents, même s’il possède quelques salles anciennes. Fondé par le lama Tsultrim Nima il y a quelques 130 ans, il est dédié aux Bonnets Jaunes, et le Dalai Lama y a un trône.

Devant le monastère, de jeunes apprentis moines jouent au cricket. Tandis que nous redescendons à pieds vers le village, je récupère in-extremis la balle qui a feinté le receveur et est en train de dévaler la pente. Je la rends au joueur qui file sans demander son reste. Apparemment, ils sont timides, ces petits.

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Nous traversons le village par plusieurs petites venelles et rejoignons la route alors que le soleil décline. Les villageois sont en train de quitter les champs et se rassemblent par groupes sur la route, avec enfants et ânes. Une occasion d’échanger un peu avec eux quelques rires et sourires (et de faire de jolies photos pour lesquelles ils semblent heureux de poser).

 

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Diane nous rejoint à l’hôtel quelques minutes après notre retour. Heureusement, tout est normal. Après l’apéro (où le rhum est quand même très très fort) et l’allumage des lumières – car ici, la disponibilité en courant est limitée et l'électricité n'est disponible qu'à partir de 19h – nous nous mettons à table pour un repas encore une fois délicieux. Il est déjà 21 heures quand nous regagnons finalement nos chambres. C’est tard ! Mais ça valait le coup.

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7 mars 2015

Pékin Express - J07

Vendredi 2 mai 2014

Avec une bouillotte sous la nuque et une autre sous les pieds, ce début de nuit a été nickel. Il a bien fallu se lever vers 1h30 pour une pause technique, mais la bouillotte étant encore chaude, c’est assez facile de se rendormir. Par contre, au réveil il fait très froid.

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Après le petit déjeuner, nous décollons à 8 heures, avant le démarrage des travaux. Nous traversons le village de Wanla et prenons la route de retour vers Leh. Et c’est reparti pour une nouvelle Shaker Session (number five !).

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A part quelques rapides arrêts photo, le trajet se déroule sans histoire jusqu’au monastère de Alchi. Laissant les voitures sur le parking, nous descendons un chemin dallé couvert de drapeaux de prière, qui surplombe les flots glacés de l’Indus.

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Le monastère, dans un style totalement différent de ce que nous avons vu jusque là, est du 11ème siècle et est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il a été construit par les kashmiri, à la manière hindoue, ce qui fait toute l’originalité de son architecture et de sa décoration. Par exemple, les portes sont très basses pour obliger le visiteur à s’incliner devant la divinité. Il renferme également de très belles fresques anciennes, mais les photos sont interdites.

Bon, la culture c’est bien joli, mais il va falloir trouver des toilettes, parce que depuis hier, ma vessie n’a jamais si bien fonctionné. Il faut dire qu’un des meilleur moyens de lutter contre le mal des montagnes (avec l’aspegic), c’est de boire beaucoup. En remontant vers le parking, nous trouvons le saint-graal dans un restaurant qui n’est pas encore ouvert. Heureusement que tous ces gens sont très arrangeants, parce que j’avoue que les feuillées monastiques, j’ai du mal. Tout le long du chemin, sont également alignés les « marchands du temple » qui accostent inlassablement le touriste. Mais ça fait partie du folklore.

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En traversant le village de Saspol, nous tombons en plein rassemblement politique. Partout, ce ne sont que banderoles, drapeaux et mégaphones. Tout est aux couleurs de l’Inde, vert et orange. Les élections approchent.

Nous déjeunons au village de Nimu. Au menu, soupe, légumes, riz. Diane n’est pas très en forme. Quand on est fatigué, le mal des transports ça ne pardonne pas. Moi, je connais un très bon remède pour ça, conseillé par ma copîne MP et que j’ai expérimenté avec succès : le Coca Cola. Nous partons donc à la recherche d’une bouteille ou d’une canette. Mais il faut bien se faire une raison : il n’y en a nulle part. La route de Delhi n’étant pas encore ouverte, le réapprovisionnement n’a pas pu se faire. Finalement, Dorjay nous propose un fond de Pepsi légèrement périmé acheté la veille à Lamayuru. C’est toujours mieux que rien.
Avant de repartir, je suis attirée par la bonne odeur d’une boulangerie. Sanjay m’accompagne pour acheter des biscuits ladakhis que nous pourrons goûter ce soir à l’apéro.

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Nous repartons pour le monastère de Phyang où les moinillons s’enfuient à notre approche. Tandis que Diane se repose dans la voiture, nous entamons la visite de magnifiques salles où l’on peut voir une représentation de Amitayus, le Bouddha de longue vie assis sur une fleur de lotus.

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Puis nous repartons vers le monastère de Spituk, tout près de Leh, après avoir refait une halte pour contempler le confluent du Zanskar et de l'Indus. Cette fois-ci, les eaux sont beaucoup moins bleues, plus brouillées. En altitude, la neige ou la pluie s'en sont sans doute mêlé.
A Spituk, on peut admirer une très beau Avalokiteshvara, le Bouddha de compassion aux 11 têtes et 1000 bras. D’une de ses larmes, est née Tara, représentation féminine du bouddhisme. Dans l’une des salles, nous rencontrons un moine qui réalise des offrandes décoratives à base de beurre, farine et gouache, pour la grande cérémonie qui aura lieu dans quinze jours.

Nous voici enfin de retour à l’hôtel Mansarover de Leh. Pendant que Diane se repose, je remonte en ville avec Elisabeth. Dalhia et Christel nous ont précédées pour essayer d’arriver à la poste avant 16 heures. Tout le monde est à la recherche de timbres et nous n’aurons pas 36 occasions. Je pense que pour nous, ça va être difficile d’arriver avant la fermeture. Ca grimpe et on fatigue vite, surtout en pressant le pas. Soudain, un klaxon derrière nous : Sanjay et Dorjay nous font signe de monter. La deuxième voiture récupère Christel et Dalhia qui étaient juste quelques dizaines de mètres devant nous. Mais nous prenons une mauvaise rue et nous voilà coincés dans les embouteillages. Finalement, Elisabeth et moi descendons pour finir à pieds, à la force de nos mollets. La poste n’est plus très loin. Devant nous, le chauffeur de Dalhia et Christel a pris un autre chemin, mais il leur faut tout de même courir sur les derniers mètres, à cause des travaux. Pour un peu, on se croirait à la fin d’une étape de Pékin Express. Voilà le drapeau !!!! Stéphaaaaaaaaaaaaaane !

PekinExpress

Dalhia et Christel ont pu atteindre le guichet et m’ont pris 5 timbres. Merci les filles ! Bon, en fait il m’en faut un peu plus, et heureusement, il est 15h55 et il n’y a personne au guichet. Finalement, tout est bien qui finit bien.

Après toutes ces émotions, nous pouvons enfin faire tranquillement un peu de shopping. Dans un magasin de cachemire, je tombe sur une très belle veste brodée, mais malheureusement trop chère pour ma bourse. Puis je retourne au magasin de masques où le vendeur me reconnaît. Du coup, il m’annonce le masque à 750 roupies alors qu’il était à 700 trois jours plus tôt, le petit malin. Mais moi aussi j’ai de la mémoire. Faut pas pousser. Finalement, je négocie le masque et un petit moulin à prières et finis par obtenir gain de cause. En partant, j’en profite pour demander où je pourrais trouver des lunettes de soleil. Oui, cette fois pour les miennes c’est la fin. Il est temps de leur dire adieu et de s’équiper pour la suite de l’aventure. Ca tombe bien : le vendeur nous entraîne de l’autre côté de la rue… dans un autre de ses magasins ! Je finis par y trouver mon bonheur pour un prix que je considère comme correct (même si selon Sanjay, j’aurais pu m’en sortir un peu mieux. Mais lui, il a l’habitude, et il est indien). Au moment de sortir, nous croisons Catherine et Jean-Luc, ainsi que Sonia et Théo à la recherche d’équipement.

Laissant Elisabeth qui cherche un cybercafé, je redescends vers l’hôtel avec Christel et Dalhia. En chemin, nous nous arrêtons dans une boutique où Dalhia trouve un très beau dragon sculpté.

Allez, après le petit thé de l’après-midi, je vais enfin pouvoir passer à la douche. Aaaaaaaaah ! Mais elle est froide ! Diane me confirme. Y’a pas de chauffage non plus. Ce qui va être moyen pour faire sécher les chaussettes que je viens de laver.

Comme tous les jours, le repas est à 19 heures. Nous y retrouvons Sonia et Théo. Théo, ça lui plaît pas forcément d’être revenu à l’hôtel. Lui, il serait bien resté sous tente. Mais il faut bien se requinquer un peu avant de repartir à l’aventure. Nous découvrons également que l’eau froide et l’absence de chauffage, c’est général dans l’hôtel. Mais Sanjay va faire le nécessaire. Après la dégustation des pâtisseries et l’inventaire de tous les films à voir à propos du Tibet et du bouddhisme, nous montons tous nous coucher. Car demain est un autre jour.

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22 février 2015

Fly me to the moon - J06

Jeudi 1er mai 2014

Deux heures de sommeil, respiration difficile au point que je suis obligée de la contrôler constamment, cœur qui s’emballe dès que je me retourne. Bon ben je crois que le mal des montagnes vient de faire son apparition. Ajoutez à cela les douleurs dans les cervicales et l’épaule, les pieds gelés. Sympa, ma première nuit sous tente ! Je crois que le trek à 4200 mètres, c’est mort pour moi. J’ai le haut du dos complètement bloqué. Comme il m’est impossible de me rendormir, je me lève et m’habille rapidement malgré le froid. A 6h15, on nous apporte le petit-déjeuner au lit… Enfin, du thé noir à la porte de la tente pour nous réveiller. A 6h30, nous avons chacune droit à notre bassine d’eau chaude sous le auvent de notre tente pour le débarbouillage matinal. A 7 heures, le petit-déjeuner est servi sous le marabout, puis nos camarades courageux s’en vont, tandis que Diane et moi restons au camp. Nous les rejoindrons plus tard au village de Lamayuru. Heuresuement, Diane est là pour me prodiguer un petit massage des épaules qui devrait m’aider un peu. Puis ce sera quelques heures de sommeil la nuque sur la bouillotte, ce qui fait qu’à 9h30, je suis déjà un peu plus opérationnelle.

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Après un brin de toilette, notre chauffeur nous emmène à Lamayuru… Enfin, essaie, car dès la sortie du camp, nous sommes bloqués 20 minutes derrière la pelleteuse qui rogne la montagne. Après la traversée de Wanla, nous prenons une route de montagne assez tape-cul et parsemée d’éboulis. Bon, je crois que je sais d’où vient mon mal de dos. La séance de secouage d’hier en a eu raison. Le long de la route, nous pouvons apercevoir des chèvres himalayennes dans les éboulis du versant d’en face. Nous sommes vraiment près. La route est étroite, sinueuse.

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C’est assez impressionnant. Mais le chauffeur maîtrise bien. Au bout d’un moment, nous faisons une nouvelle halte-touriste pour contempler le site de Moonland. C’est vrai qu’on dirait un paysage lunaire, avec de jolies variations de roche et de terre. Ca ressemble un peu aux Badlands américaines.

A Lamayuru, Diane et moi décidons de nous dégourdir un peu les jambes en inspectant les environs (même si les jambes sont bien fatiguées après une nuit pareille). Nous nous aventurons dans une rue du village et repérons un Cybercafé. Euh… Enfin, je crois. Nous pénétrons dans la cour d’une maison ou nous trouvons une vieille femme qui ne semble pas très réceptive. Pourtant, il y a bien écrit cybercafé. Nous demandons donc à la vieille femme si nous pouvons boire quelque chose. Sa petite fille traduit notre demande, et la veille semble dire non. Puis finalement, on nous propose du jus d’abricot. Nous entrons à leur suite, et la vieille dame nous demande alors si nous voulons une chambre.

- Euh… non. Par contre, un petit passage aux toilettes, c’est pas de refus.

On nous installe dans la pièce principale, et Diane descend les deux jus d’abricot qu’on nous apporte. Moi je préfère m’abstenir. Oui, je psychote un peu. Même s’il paraît qu’il est délicieux. And so what ?

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Après avoir remercié nos hôtes et réglé la note, nous redescendons vers le ruisseau, au bas du village, où nous trouvons un coin paisible pour nous poser en attendant les autres. Nous pouvons voir des femmes descendre vers le ruisseau en portant de lourds tapis. On dirait bien que c’est jour de grande lessive.

 Vers midi, le chauffeur nous fait signe de remonter. Les autres sont en train d’arriver. Il paraît que la balade était très très belle.

L’une des voitures étant en panne, nous nous entassons dans deux voitures qui nous conduisent au monastère de Lamayuru, le plus ancien monastère bouddhiste du Ladakh.

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De là, on a une vue magnifique sur Moonland. Nous profitons encore d’une très belle visite. La salle de prière est lumineuse et semble bien plus confortable que ce que nous avons vu jusqu'ici. Partout, on peut voir des très belles soiries.

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Avec Dalhia, alors que nous sommes un peu à la traîne, nous tombons sur une vieille femme qui, son moulin de prière à la main, s’est assise sur un banc de pierre et récite ses mantras. Tout à coup, elle nous regarde et me fait signe de la rejoindre et de m’asseoir à côté d’elle. Une invitation pareille, ça ne se refuse pas. Dalhia allait prendre une photo, mais la vieille dame lui fait signe à elle aussi. Nous voilà donc toutes les trois à réciter le mantra de compassion, tandis qu’elle fait tourner son moulin pour nous. C’est un moment très fort pour moi, chargé d’émotion au point que j’en ai les larmes aux yeux. Si si, je suis sensible. On ne se refait pas.

De retour au village, nous investissons une guest house pour le déjeuner, où nous faisons connaissance avec un jeune couple de japonais qui a fait le voyage depuis Tokyo avec ses deux jeunes enfants. Très bien ce petit repas accompagné, comme il se doit, de thé maison.

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Puis nous repartons par la route sinueuse et perchée qui offre une superbe vue sur Moonland et les sommets himalayens enneigés. Tiens, on dirait que le temps se gâte sur les cimes. Les nuages s’amoncellent et la pluie semble s’inviter. Mais cela n’enlève rien aux camaïeux de couleur verte et violette que je n’ai encore vus nulle part ailleurs. Quand à savoir quels minerais sont à l'origine de ces couleurs, le mystère reste entier. Bon, Je crois qu’avec Dalhia, on a été perturbées plus que nécessaire par notre prière du matin, car nous voilà à chanter à tue-tête « I believe I can fly » devant ce paysage hors du commun. L’immensité, moi ça me fait toujours de l’effet.

De retour au village de Wanla, nous remontons au monastère et cette fois pouvons visiter le site particulièrement remarquable, avec ses fresques su XIème siècle.

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Sur le chemin du retour, nous sommes de nouveau bloqués par le tractopelle et ses travaux de terrassement. Mais cette fois, la route est complètement démolie et à chaque fois que la pelle gratte la paroi, des pans entiers de montagne dégringolent sur la route. On est pas près de passer ! Au bout de 20 minutes, nous décidons de continuer à pieds, en passant dans la tranchée qui doit accueillir les conduites. La pelle mécanique s’arrête le temps de nous laisser passer en toute sécurité, mais c’est pour nous l’occasion de constater qu’il reste du boulot avant que la route soit de nouveau praticable. Après le thé de l’après-midi, je descends à la rivière chercher une bassine d’eau et m’enferme dans les toilettes pour une douche improvisée. L’eau est glaciale, mais ça fait un bien fou après toute cette poussière.

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Ce soir, l’apéro se fera au rhum et au pop corn maison. Trop génial ! J’adore de pop corn et je n’aurais jamais cru que nous en ayons ici. Pour le repas, le cuisinier s’est surpassé. C’est menu italien : pizza, pâtes, frites, poulet, et en dessert, cerises en boite et crème anglaise. Mais comment font-ils pour faire tant avec si peu de moyens?

Après la remise des bouillottes, chacun regagne sa tente sur le coup de 20h30, alors qu’il fait déjà nuit noire et un froid de canard. Pour ma part, j’ai retenu la leçon. Ce sera deux bouillottes : une sous les pieds,et une sous la nuque. Si avec ça je ne passe pas enfin une bonne nuit !

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En pays Ladakhi
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