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En pays Ladakhi
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5 février 2016

A Tso Moriri, renonce au bikini - Proverbe himalayen - J11

Mardi 6 mai 2014

Il a plu dans la nuit, mais ce matin c’est un magnifique ciel bleu qui nous accueille au moment où Dorjay vient nous porter le thé et l’eau chaude. Il fait quand même froid, et sortir du sac de couchage n’est pas facile, même si les bouillottes ont contribué à une nuit excellente.

A 7h15, tout le monde est déjà là pour le petit-déjeuner, et j’arrive peut-être la dernière, mais à l’heure prévue (7h30). Oui, moi le matin, faut pas me bousculer tant que j’ai pas mangé. Mes compagnons de Torres del Paine pourront confirmer.

Alors que le camp est encore en plein rangement, nous embarquons dans les voitures pour une longue route jusqu’aux lacs. Diane partira peu après pour Leh avec Tanchos et le 4x4. Elle va faire du monastère et encore du monastère. On se revoit dans trois jours. Mais en attendant, on a fait un échange de sacs de couchage (Faut avouer, mon vieux sac rescapé des scouts ne tient pas la distance face à son super sac "températures extrêmes"), et me voilà drôlement bien équipée pour affronter la froidure des nuits himalayennes d’altitude.

Ladakh 149

Après un arrêt photo au monastère de Chamde, nous voilà de retour le long de l’Indus, sur des routes à peu près correctes, quoique parfois entravées de ralentisseurs. Pour éviter un ralentisseur, c’est simple : il suffit de rouler sur le bas-côté complètement défoncé. Logique.

Ladakh 151

Nous nous arrêtons au poste de police de Upshi pour demander si la route du col que nous devons emprunter au retour est ouverte. En effet, nous avons prévu, après les lacs, de prendre la route qui monte de Delhi et Manali vers le Ladakh, et passe par trois cols d’altitude. Les fameux cols qui, étant fermés en ce début de printemps, avaient empêché l’agence d’envoyer notre ravitaillement par route avant le début du voyage. L’armée semble dire que ce sera OK. Donc nous repartons confiants.

Ladakh 157

La route alterne maintenant entre goudron et piste, au fur et à mesure que l’on s’enfonce au cœur des montagnes. C’est pas très fair-play pour les cervicales, et j’en viens presque à regretter mon 4x4. Mais après de village de Kiari, le paysage offre de magnifiques teintes lie-de-vin auxquelles les photos ne rendent pas hommage, et ça, ça fait tout oublier. Et puis on a parfois quelques surprises, comme ce pont de fortune encore en activité, bien qu’il semble être au milieu de nulle part. En tout cas moi, il faudrait me payer cher pour le traverser.

Au village de Chumathang, nous nous installons dans un restaurant au bord de la rivière pour déjeuner. Il fait une chaleur étouffante dans la salle. Aussi, dès le repas terminé, nous voilà de nouveau dehors pour aller jeter un œil aux sources chaudes. Et en effet, ça sent le souffre. Mais en guise de sources, on voit surtout quelques bouillonnements sur les bords de la rivière. Quand on a vu Yellowstone, ça fait un peu de la peine.

Ladakh 173

Le camion d’Adventure Tours (notre camion d’intendance) nous a rejoints, mais il a rencontré quelques difficultés et il va falloir réparer. Et ici, c’est réparation à l’indienne : on met en caillou devant la roue pour que le camion monte dessus et permette de positionner le cric. Faut quand même avoir confiance !

Laissant nos intendants à leurs réparations, nous reprenons la route qui monte vers le lac. Le temps se couvre de plus en plus et la route tourne beaucoup. Heureusement, mon installation à l'avant de la voiture m’aide à garder mon estomac à sa place. Assez vite, nous attrapons la pluie qui se mélange bientôt avec de la neige alors que nous arrivons au col.

Ladakh 177

Les drapeaux de prière du carrefour ont été mis à terre par le vent. Aussi, les hommes (et Elisabeth) décident-ils d’aller les relever. En plus, si ce petit geste peut nous apporter les bonnes grâces de Bouddha et de la nature… Moi j’ai un peu du mal à garder les yeux ouverts, et j’ai froid. Alors je laisse faire les hommes forts (quoi, l’égalité ?).

Ladakh 182

Un peu plus loin sur le plateau, alors que cette fois il neige carrément, et que nous venons d'apercevoir quelques ânes sauvages que ça n'a pas l'air de perturber, nous arrivons en territoire nomade et sommes accueillis par une famille qui nous invite à partager le thé sous sa tente.

Ladakh 184

Le moins qu’on puisse dire c’est que l’habitat est rudimentaire : une toile basse, lestée de pierres pour résister au vent, et ouverte en son milieu de toit pour laisser s’échapper la fumée du poêle. Mais du coup, ça laisse aussi entrer la neige qui tombe, et nous devons nous serrer sur les côtés. Les conditions de vie de ces nomades sont à l'image de leurs maisons : spartiates. L'été ils montent plus haut dès que la fonte des neiges le permet, pour accompagner leurs troupeaux (yacks et chèvres pashminas). L'hiver ils redescendent vers les vallées, là où le terrain est un peu plus praticable. Et même si maintenant certains ont un 4x4, ils restent tout de même loin de tout. La plupart des enfants sont d'ailleurs envoyés en pension à partir d'un certain âge, et ne rentrent voir leurs parents qu'aux vacances. La conversation est instructive même si elle se fait par traducteur interposé. Nous finissons par prendre congé après leur avoir remis quelques affaires apportées pour la circonstance et qui seront utiles pour lutter contre les températures de ces latitudes.Puis nous reprenons la route.

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Le ciel semble s’éclaircir quelque peu, et par endroits, le soleil arrive même à faire une petite percée. Nous atteignons bientôt le poste de contrôle, puis le village de Korzok, au bord du lac Tso Moriri. Là, nous visitons le monastère où est en train de se dérouler une cérémonie.

Ladakh 203

C’est la première fois que nous avons l’occasion d’y assister, et le mélange des psalmodies et des instruments donne un véritable côté mystique à cet endroit nu éloigné du monde. - A condition d'oublier que l'un des moines a gardé une paire de lunettes de soleil rouge sur le crâne pendant la cérémonie. Ca casse un peu le mythe -.

Nous redescendons ensuite vers notre campement qui est en cours d’installation au bas du village (comme quoi, la réparation à l’indienne du camion, ça a tenu), puis continuons vers le point de vue sur le lac complètement gelé.

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Le temps se découvre par endroits, mais il y beaucoup de vent. Ca a beau être très beau, c’est aussi très froid. Et après notre longue route, on rêve du bon thé bien chaud qui doit nous attendre au mess. Et moi je rêve d’un massage tant mes cervicales me font souffrir. Heureusement, il y a Elisabeth et sa poigne ferme. Merci Elisabeth!

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Mais comme quoi l’être humain est adaptable, cela ne m’empêche pas, après la pause-goûter, de faire une grande toilette à l’eau froide et à la bassine sous le auvent de ma tente (une tente pour moi toute seule, c’est trop génial !). Et mine de rien, ça ça réchauffe. Me voilà requinquée et parée pour aller admirer le magnifique coucher de soleil qui illumine les montagnes sur l’autre rive du lac.

Condition sine qua none pour regarder un coucher de soleil himalayen en mai : maîtriser la technique multi-couches, dite "de l'oignon". Polo technique, polaire, gore-tex, protège-cou, bonnet.

Ladakh 238

C’est aussi l’heure du retour des chevaux vers le village. Pas la peine d'aller les chercher ou de les guider : c'est l'heure, la lumière baisse, le troupeau rentre tout seul (ou alors c'est l'appel du ventre).

Avec la tombée de la nuit, il commence à faire très très froid. Après un repas rapide mais délicieux, tout le monde rejoint donc ses pénates sans traîner. Pour moi, ce sera trois bouillottes, une couverture pour mieux s’isoler du sol, et le duvet de Diane. J’essaie bien d’écrire un peu dans mon journal de bord, mais l’encre du stylo a aussi froid que moi.

Il ne me reste plus qu’à ignorer les aboiements des chiens et m’endormir sous ma ma toile légère, à 4600 mètres d’altitude. Presque le toit du monde (à 4000 mètres près).

Ladakh_map_J11

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Commentaires
H
Je pense que l'altitude et le froid, c'est pas fait pour moi !!!<br /> <br /> Hug
L
Le pont m'impressionne beaucoup 😮<br /> <br /> Et les photos avec les montagnes en fond sont très impressionnantes!
M
Beaux les enfants!
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